La célèbre marque Air Jordan, issue du partenariat entre Nike et la légende du basketball Michael Jordan, incarne bien plus que l’excellence sportive : elle symbolise la culture, le statut et l’innovation. Cependant, les consommateurs d’aujourd’hui posent des questions plus exigeantes : Où ces chaussures sont-elles fabriquées ? Quel est leur impact environnemental ? Et que fait Nike pour réduire leur empreinte carbone ? Cet article dévoile les chiffres réels de la production des Air Jordan en 2025 : localisations des usines, émissions de CO₂ et transition vers des matériaux durables.
En 2025, la production des Air Jordan est majoritairement concentrée en Asie du Sud-Est. Le Vietnam reste le principal site de fabrication, suivi de l’Indonésie et de la Chine. Ces pays offrent une capacité industrielle élevée et une main-d’œuvre qualifiée. Malgré les critiques sur les conditions de travail, Nike affirme effectuer des audits annuels et rapporte des améliorations progressives en matière de transparence et de droits des employés.
Les usines impliquées sont classées comme fournisseurs de niveau 1, responsables de l’assemblage final. Selon la carte des fournisseurs Nike, plus de 130 usines participent à la fabrication de différentes versions des Jordan. Environ 70 d’entre elles se trouvent au Vietnam, ce qui en fait le cœur de la production.
Depuis 2022, une partie de la fabrication a été délocalisée vers l’Indonésie et l’Inde pour diversifier la logistique. Toutefois, le Vietnam conserve son rôle central grâce à son infrastructure adaptée et à ses chaînes de production efficaces.
Malgré une production optimisée, les préoccupations persistent quant aux droits des travailleurs, à la sécurité et à la rémunération. En 2024, la Fair Labour Association a mené des audits tiers dans plusieurs usines partenaires de Nike. Les résultats montrent des progrès, mais pointent encore des lacunes dans la rémunération des heures supplémentaires, la liberté syndicale et la gestion du stress thermique pendant les pics de production.
Nike s’est engagé à mettre en place des normes d’usines adaptées au climat d’ici fin 2025 : amélioration de la ventilation, postes de travail ergonomiques et collaboration avec les syndicats locaux. L’impact réel de ces mesures reste encore à confirmer.
La transparence demeure un défi. Bien que Nike publie les données des usines, les vérifications indépendantes sont encore rares. Les ONG continuent de demander une ouverture plus large à des contrôles externes.
Un des aspects les plus critiqués de la fabrication de baskets est leur empreinte carbone. Selon une analyse menée en 2024 par Stand.earth avec des chercheurs indépendants, la production d’une paire de Air Jordan 1 génère en moyenne 13,5 kg de CO₂ équivalent. Cela inclut l’approvisionnement en matériaux, l’énergie utilisée en usine, l’emballage et la livraison jusqu’aux points de vente.
À titre de comparaison, la moyenne quotidienne mondiale d’émissions de CO₂ par personne est de 13,2 kg. Une paire de AJ1 peut donc égaler l’empreinte carbone journalière d’un individu. Bien que des matériaux comme le Flyleather ou le polyester recyclé réduisent légèrement cet impact, les semelles en caoutchouc synthétique et les énergies non renouvelables restent les principaux contributeurs.
Pour y remédier, Nike a lancé l’initiative « Move to Zero », visant à réduire son empreinte carbone globale de 70 % d’ici 2030. Cela inclut l’usage d’énergies renouvelables dans les principales usines et l’optimisation des itinéraires logistiques.
En 2023, Nike a commencé à acheter des crédits carbone pour compenser l’impact de ses sorties phares. Ces crédits soutiennent des projets de reforestation en Asie du Sud-Est et aux États-Unis. Toutefois, des critiques estiment que ces initiatives ne remplacent pas les réductions d’émissions à la source.
Les éditions limitées et la rareté volontaire alimentent également la surproduction et les retours, augmentant les émissions cachées. En réponse, Nike promet que 40 % des nouveaux modèles Air Jordan contiendront au moins 50 % de matériaux recyclés. En 2025, certains modèles AJ1 et AJ4 intègrent déjà des tiges en Flyknit post-consommation.
Malgré cela, les progrès restent inégaux dans toute la gamme. Le passage à des matériaux écologiques à grande échelle demeure complexe.
Depuis 2019, Nike a élargi l’utilisation de matériaux durables dans les modèles Air Jordan. Le Flyleather, composé d’au moins 50 % de fibres de cuir recyclées, est l’un des plus emblématiques. Introduit dans la gamme Nike classique, il est désormais présent dans plusieurs AJ1 destinées à un usage quotidien.
Le polyester recyclé est également utilisé dans les doublures, lacets et couches extérieures. En 2025, certains AJ4 contiennent jusqu’à 60 % de fibres recyclées dans leur tige, réduisant la dépendance au polyester vierge.
Par ailleurs, Nike expérimente des mousses à base d’algues pour remplacer l’EVA dans les semelles intermédiaires. Bien que ces solutions soient encore à l’essai, elles pourraient équiper les futurs modèles hybrides Air Jordan destinés aux marchés soucieux de l’environnement.
Adapter ces matériaux à l’ensemble des modèles reste compliqué. Le Flyleather et le polyester recyclé sont plus adaptés aux modèles lifestyle qu’aux chaussures de performance, qui exigent solidité et précision structurelle. Cela entraîne une double ligne de production : écologique pour les modèles de ville, conventionnelle pour les baskets de sport.
L’attrait esthétique pose également problème. Les amateurs de sneakers préfèrent souvent l’aspect et le toucher du cuir traditionnel. Trouver un équilibre entre performance, durabilité et attentes esthétiques reste un défi.
Nike investit donc dans la R&D pour améliorer la texture des matériaux recyclés. Des designers collaborent pour garantir que les alternatives durables conservent l’ADN visuel emblématique de la marque Jordan.
Nike n’échappe pas aux critiques envers la mode rapide. La sortie continue de modèles limités est jugée incitative à la surconsommation et au gaspillage. Pour contrer cela, Nike expérimente des modèles précommandés et la personnalisation digitale pour réduire les stocks inutiles.
En 2024, le programme « Jordan Made to Order » est lancé dans certaines régions, avec personnalisation et livraison sous quatre semaines. Cette approche, bien que plus lente, limite les surplus et les retours.
Nike teste également un système de collecte en Californie et aux Pays-Bas : les paires usées sont recyclées ou transformées en Nike Grind, matériau utilisé pour les surfaces sportives.
Pour mieux correspondre aux attentes, Nike change de ton marketing. Les campagnes actuelles valorisent la durabilité, la qualité artisanale et la longévité. En 2025, plus de 20 % des campagnes Air Jordan sont produites avec de l’énergie renouvelable et des encres végétales.
La marque organise aussi des tables rondes sur la durabilité avec designers et militants pour encourager le dialogue. Toutefois, tant que la demande dépasse les capacités de production responsable, les tensions entre croissance et durabilité resteront présentes.
Néanmoins, la trajectoire des Air Jordan vers un avenir plus durable est bien amorcée, établissant un modèle à suivre pour d’autres marques historiques.